COPLO - cordiers de père en fils

Publié le par Stéphane GOUPIL

Dans la généalogie, nous trouvons une lignée de porteur de cordes, cordier, marchand-cordier, dans le nord de la France - à Epinoy (62) et à Sancourt (59), communes du Cambresis puis émigré à Amfreville la Campagne (27). Il s'agit des COPLO de père en fils : Ferdinant Joseph (né vers 1779 - décédé entre 1834 et 1869, d'après nos recherches actuelles), son fils François (né en 1812 à Epinoy - décédé à Amfreville la Campagne en 1854) et son petit fils François Joseph (né à Sancourt en 1834 - décédé dans l'Eure entre 15 novembre 1892 et 1924.

Métier très ancien, que l'on pratiquait souvent en complément, de père en fils, parfois en tant que profession à part entière.

Localisation : Avant que n'apparaissent les manufactures, on trouvait des artisans cordiers dans toutes les régions de la France, avec une prédilection pour les lieux de production du chanvre et les régions maritimes, Bretagne et Charente, grandes demandeuses de cordes et de câbles.

QUI SONT LES CAQUINS OU CAQUEUX?  Ce terme apparaît dans les textes à partir du XVème siècle, sous la forme Cacous, Caquins ou Caqueux, et est associé à ceux de ladres, de malornez, de méseaux, autant de synonymes de lépreux. La lèpre sévissait de façon endémique un peu partout, depuis les temps anciens. Mais à la suite des Croisades, de nombreux croisés et pélerins revinrent contaminés de Terre-Sainte et la France connut une très forte recrudescence du mal, en particulier au XIIème- XIIIème siècles. Dès le début de la chrétienté, le concile d'Orléans (549) avait confié aux évêques le soin des lépreux, et le concile de Lyon (583) avait ordonné la "séparation" des lépreux du reste de la population. C'est donc au clergé et à la charité publique que fut confié le soin de ces malades, encore appelés ladres en référence à saint Lazare (d'où les noms de ladreries, maladreries ou lazarets donnés aux léproseries). Durant tout le Moyen âge, des autorités de l'église, des monastères, mais aussi des rois, des seigneurs, des villes, fondèrent des léproseries. Ces léproseries, situées à l'extérieur des cités, avaient leur propre chapelle (généralement consacrée à saint Lazare ou plus fréquemment dans notre région à sainte Madeleine), et leur propre cimetière. Les malades reconnus lépreux étaient séparés des "gens sains", au cours d'une cérémonie religieuse. Ils étaient dits "morts quant au monde". Ils devaient se retirer dans une léproserie, revêtir une robe grise portant une marque rouge distinctive et, lorsqu'ils sortaient de la léproserie, annoncer leur passage au son d'une crécelle. Les lépreux étaient pris en charge par les léproseries pour les soins requis par leur état et pour leurs besoins matériels ; ils étaient dispensés du fouage au roi et ne devaient qu'une taille collective à l'évêque. Par contre, ils subissaient un certain nombre de contraintes et d'interdictions : ils ne pouvaient ni louer des terres ni cultiver des produits destinés à la consommation ; ils ne pouvaient se rendre dans les marchés ni se mêler aux rassemblements de foule. S'ils étaient admis aux offices religieux, ils devaient se tenir à l'écart des autres paroissiens, au fond de l'église, près de la porte, sous les cordes des cloches. Ils ne pouvaient exercer que le métier de cordier et par la suite, durant le XVème siècle, ils furent autorisés à confectionner des mesures de bois (boisseaux) et des barattes. On peut s'étonner du choix de ces activités pour des gens réputés contagieux puisque la corde non seulement passe de main en main mais plonge dans le puits ; de même la baratte reçoit le lait et le beurre. Les lépreux n'étaient pas inhumés avec leurs concitoyens, mais dans leur propre cimetière attenant à la léproserie.

 

 

 

ORIGINE DU MOT CAQUIN  Tous les textes désignent les caquins comme ladres ou suspects de lèpre. Et de fait, là où existe une caquinerie, a existé une léproserie. Les Caquins sont enfermés, comme les lépreux, et jouissent comme eux de certaines exemptions, mais ils conservent les droits communs (droit de propriété et de disposition des biens, droit d'ester en justice). Certains ont dit que les Caquins étaient des descendants de juifs, infectés de lèpre ; ou les restes d'une nation vaincue lors de la chute de l'empire romain. On a aussi prétendu qu'à l'époque de Charlemagne, des Espagnols ou des Sarrazins se seraient répandus sur le littoral, des Pyrénées à la Bretagne. Le surnom injurieux de Cagots, existant dans le Sud-Ouest et parfois traduit par chiens de Goths aurait donné Cacous, en Bretagne. Une étymologie paraît plus vraisemblable : tout lépreux est porteur d'un petit baril où il reçoit le breuvage que la charité lui offre. En vieux français, ce baril se nommait caque, caquet ou caquin. D'où l'extension à son porteur. Le mot caquin ou caqueux désigne donc les descendants présumés des lépreux d'autrefois. Mais pourquoi ce terme a-t-il survécu à la lèpre?

 

 

DE LA LEPROSERIE A LA CORDERIE  Rosenzweig rapporte que l'étude des aveux et titres3 des XVème, XVIème, et XVIIème siècles font état de plusieurs maladreries ou de caquineries qui sont devenues chantiers de corderies. L'éloignement du centre de la ville est un avantage pour l'exercice d'un métier qui exige de l'espace. Mais cette justification est certainement insuffisante. On trouve également dans les "clandy" des cordiers, des tisserands ou des filandiers. Quand la lèpre s'éteint progressivement, c'est-à-dire vers la fin du XVIème siècle, les interdictions tombent peu à peu en désuétude : on ne porte plus la marque, on circule librement, on loue des champs et on les cultive. Mais les descendants des lépreux n'abandonnent pas la maladrerie où ils sont nés car c'est un bien transmissible, exempt de contribution et bénéficiant de divers avantages. De plus, le métier de cordier étant un monopole est relativement lucratif. Tout ceci est propre à développer la jalousie des voisins. En héritant des biens de leurs pères, les cordiers héritent aussi de la qualité de Caquins et du mépris voire de l'aversion que les ancêtres de leurs concitoyens vouaient aux lépreux ... qu'ils ne sont pas ! Au XVIIème siècle, des tentatives sont faites, souvent par des prêtres, pour intégrer les Caquins à la vie religieuse commune, tout particulièrement en ce qui concerne les baptêmes. Mais les enterrements de Caquins dans les cimetières des paroisses soulèvent une vive opposition des habitants. De violents incidents ont été rapportés Au XVIIème et au XVIIIème siècles, les cordiers étaient vassaux et sujets de l'évêque, "en leur qualité de cordiers". Ils étaient d'ailleurs tenus de fournir à l'évêque "un licol de bon chanvre pour son cheval", les cordes pour les cloches de la paroisse où ils habitaient, et parfois les cordes pour pendre les criminels. Mais des prêtres partageaient les préjugés de leurs contemporains : dans certaines paroisses, les enfants de cordiers étaient inscrits en fin du registre des baptêmes, à l'envers, de même que les batards. Parfois la curieuse mention "cordier-natif" " était portée en marge du nom de l'enfant. Ce n'est donc qu'au XVIIIème siècle et surtout après la Révolution que les cordiers ont été officiellement reconnus comme des citoyens à part entière. Cependant de tenaces préjugés ont perduré pendant tout le XIXème siècle (et peut-être au-delà...), en particulier pour les mariages. La mémoire populaire n'avait plus de souvenirs des lépreux du Moyen-âge mais conservait des préjugés à l'encontre des cordiers tout en ignorant la filiation éventuelle de ces deux groupes. Il n'était pas rare d'entendre dire d'un être chétif, mal formé ou insignifiant : "Celui-ci n'est qu'un Caquins ! ".

Issus de la corporations des cordiers du Moyen-age dont les statuts remonte au 17 janvier 1394, le métier de cordier est très ancien. La corporation des cordiers de Saint Valéry sur Somme est née en 1503. On relève en 1442 que les cordiers sont tenus «de bailler et livrer tous cordages gros et menus aux gens de justice... quand les cas adviennent pour lier, pendre et exécuter larrons, meurtriers et autres malfaiteurs.» (Lettre patentes données à Tours par Charles VII).
En 1692, sous l'impulsion de Colbert, la Corderie Royale de Rochefort est édifiée dans un bâtiment de 370 mètres de long.
Mais bien souvent, jusqu'au début du XXième siècle, le cordier reste un artisan de village qui travaille à l'extérieur (par nécessité de place), mais à l'abri de la pluie qui influe sur la qualité des cordages. Sa production est destinée essentiellement au monde agricole, mais aussi aux autres artisans, tous consommateurs d'au moins un type de ficelle ou de corde. Aujourd'hui la culture du chanvre a pratiquement disparue et le cordier avec elle.

En complément => Voir l'excellent site : Les Métiers d'autrefois illustrés sur le net http://metiers.free.fr/ac/c002_c.html


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
K
<br /> <br /> Chers Amis, J'ai terminé vendredi soir mon sixième ouvrage qui est un récit historique. Il a pour titre Le Secret de l'Isle Agot, et  je le présenterai pour la première fois aux<br /> journées du patrimoine de Saint Briac sur Mer les 17 et 18 septembre Puisque vous êtes passionnés de généalogie je vous présenterai le récit authentique de vos ancêtres, sujet<br /> TOTALEMENT inédit. A bientôt Kepa Arburua Olaizola Ciboure Saint Jean de Luz  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
K
<br /> <br /> Je suis historien de Ciboure (Pays Basque)qui fut et reste à ce jour un fief des Cagots. Après 7 années de recherches j'ai trouvé et surtout j'ai les preuves d'où vint ce peuple chez nous. Il se<br /> trouve qu'ils allèrent aussi en Bretagne où ils devinrent des kakous, caqueux, caquins. Chez nous ils travaillailent la pierre et le bois chez vous ils furent des cordiers. Il y a des raisons<br /> historiques à cela, et pourquoi précisèment fabriquaient-ils des cordes en Bretagne ? J'ai écrit mon cinquième livre : Agot Cagot L'après Catharisme, je rédige à présent mon<br /> sixiième ouvrage qui parlera de la Bretagne et entre autre de l'origine des familles Périer et Goupil. A bientôt.  <br /> <br /> <br />   <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
Je ne sais si vous avez reçu mon article sur les cagous de ce matin Je parle de l'edit de louis xiv pour blanchir les cacous. C'est à partir de cette époque que les cacous fut admis au fond de l'eglise et debout pour assister à la messe. Les cacous avaient leur propre chapelle. Ils ont aussi le droit d'enterrer les morts dans le cimetière paroissiales. Malheureusement ceux ci étaient déterrés pendant la nuit et ramené à l'entrée de leur village. Encore au début du XX eme siècle des parents demandait à leus enfants de ne pas sassoir sur la même table que les enfants de cacous et, de ne pas s'amuser avec eux en récréation.Suite à l'edit royale il était même demandé a des cordiers le solde de leur rachat (Faouet) .ceux ci ont fait l 'objet d'un recours.Les villages se sont manisfestés à cette époque contre cet édit .La milice est intervenu dans plusieurs cas et même l'armée.Au milieu de XIV eme siècle des juifs s'étaient refugiés chez ces caqueux, pour ne pas subir les contraintes de cette époque. Nous avons aussi des jeunes filles qui allaient accouches afin de mettre des enfants au monde dans de bonne condition. Il ne faut pas oublié que ces dits lépreux étaient tres organisés. Ils avaient leurs sages femmes, leurs guérisseurs, leur propre justice.  KENAVO   MR LE HALPER
Répondre
L
bonsoir Votre article est tres bien, mais il faudrait qu'il apparait plus souvent dans les articles de généalogie. Je vais de temps en temps sur généanet et je m'aperçois que beaucoup passe d une famille de cacous à des cultivateurs ou à des commerçants des bourgs.Beaucoup de cacous ont les mêmes patronymes (ex le meur, henrio, ) aussi comme ces dits "genealogistes remontent facilement d'une génération avec un prénom, vous pensez ils entrainent les autres génécopieurs dans leur aventure. Je me suis vu aux archives de Vannes avec 5 personnes ayant le même ancêtre mais malheureusement les parents de ceux ci étaient différents. Chacune de ces 5 personnes etait tres sûr de son travail. Quel étonnement quand je leur ai sorti un acte de succession. 2 d'entre eux m'ont dit que c'etait un faux............Il a fallu que je releve tous les actes de justice, notariés, du terrier, ceux de la cour des comptes à Nantes pour pouvoir faire un travail sérieux.Il m'arrive que j'attire l'attention de certain, sur l'erreur produiteQuel étonnement mais nous avons tous la même chose sur généanet.............Que faire ??? Faire un article dans une revue française ???????La généalogie à la francophone as pris naissance...............J'ai mis 3ans dans le canton de Port Louis à rétablir la vérité sur une famille.   Bonne soirée    kenavo   MR LE HALPER
Répondre
C
merci pour ça ,bravo!
Répondre